Retraite

Réforme des retraites : la menace du 49.3

L’examen du projet de loi pour la réforme des retraites a commencé le 17 février à l’Assemblée nationale. Depuis, le gouvernement menace de recourir au 49.3 pour passer en force, tandis que l’opposition multiplie les amendements.
 

Pressé par l’Élysée d’accélérer l’adoption de la réforme, Édouard Philippe ne cache plus la possibilité de recourir au 49.3, un article de la Constitution qui permet au Premier ministre d'engager la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale sur un texte de loi.

Le projet de loi est alors considéré comme adopté sans vote, sauf motion de censure votée par l'Assemblée nationale : « Le 49.3 est une responsabilité du Premier ministre. Si je considère que c'est comme cela qu'il faut avancer, je prendrai mes responsabilités », a-t-il déclaré, lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Violemment réprimée dans la rue, la contestation a été portée dans l’hémicycle. Les députés de l’opposition ont déposé 41 000 amendements et sous-amendements pour permettre de débloquer du temps de parole et ainsi permettre le débat parlementaire face à un gouvernement qui n'a pas su écouter les partenaires sociaux ni les milliers de manifestants dans la rue. Cette réforme, est toujours décriée par 72 % des Français, selon un sondage BVA publié le 21 février.

Dans ce contexte politique et social, et à l’approche des élections municipales, menacer de recourir au 49.3 est un nouveau signe de la fébrilité du gouvernement et de son mépris du débat démocratique.

Pour Philippe Martinez, brandir cette épée de Damoclès est un « aveu d’échec » « Ce 49.3 est une façon de continuer à se moquer des Français, et de l'opinion publique qui est depuis des mois et des mois contre cette réforme très majoritairement. »

Pour nous, le combat continue, contre les reculs démocratiques et les attaques menées contre notre système social.

Le 27 février, la CGT organise une nouvelle journée de défense des libertés syndicales afin de continuer à faire connaître et reconnaître les entraves au droit de manifester et au droit de grève ainsi que les graves préjudices subis par des représentants des salariés dans le cadre de leurs activités.

Par ailleurs, de nouvelles journées de mobilisation et d'actions contre la réforme des retraites sont déjà prévues du 5 au 8 mars à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Montreuil le 26 février 2020

 
 

Réforme des retraites : Le Conseil d'État critique le projet de loi retraites. « Sans surprise » selon la CGT

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a accueilli « sans surprise » l’avis critique du Conseil d’État sur le projet de loi retraites. « Une réforme floue » et « seulement argumentée par le besoin de faire des économies ».
 

« J’ai accueilli l’avis du Conseil d’État sans surprise », dit Philippe Martinez dans une interview à L’Humanité publiée lundi. « Cela fait des mois que l’on dit que le gouvernement s’apprête à faire passer une réforme floue, non fondée et seulement argumentée par le besoin de faire des économies », ajoute le numéro un de la CGT.

« Il est demandé aux députés de signer un chèque en blanc »

« Le Conseil d’État confirme donc qu’il est demandé aux députés de signer un chèque en blanc », selon lui. Philippe Martinez estime qu’il est « encore temps pour le gouvernement de retirer son projet de loi et de discuter sur un projet plus juste et plus solidaire ».

Saisie le 3 janvier, la plus haute juridiction administrative française a critiqué le choix de recourir à 29 ordonnances, ce qui « fait perdre la visibilité d’ensemble », et a pointé des projections financières « lacunaires ».

« Ça va être une grande première dans la Ve République : on va demander aux députés de se déterminer sur un texte dont la moitié des choses importantes est renvoyée à plus tard », relève  Martinez. « Cette loi “simple et juste”, personne n’y comprend rien », a-t-il ajouté.

Le Conseil d’État souligne également que le projet de loi « intervient dans un contexte de relative solidité du système français de retraite, en raison notamment des réformes des années récentes qui ont permis de sécuriser son financement ».

Matignon ne sait pas compter

La CGT a réagi sous la forme de l’ironie à l’avis du Conseil d’État dans un communiqué intitulé « Allô Matignon ? On a encore un problème ? », et publié en fin de journée. « Allo Matignon ? On a un problème : il est où votre système de retraite plus simple et plus juste ? », écrit la CGT. « Allô Matignon ? On a un problème: Quand vous vous engagez solennellement à ce que l’examen du projet de loi se fasse dans des conditions normales puis que vous décidez finalement une procédure accélérée, vous nous prenez pour des quiches ? », ajoute le syndicat.

À propos du recours à 29 ordonnances : « Allô Matignon ? Le respect de la démocratie c’est vraiment pas votre truc non ? » Quant « aux projections financières lacunaires » relevées par le Conseil d’État, le syndicat demande : « Allô Matignon ? Alors on ne sait pas compter ? »

« Allo Matignon ? »Lire le communiqué de la CGT

Source NVO : https://nvo.fr/filsocial/le-conseil-detat-critique-le-projet-de-loi-retraites-sans-surprise-selon-la-cgt/

Réforme des retraites : Détermination face au mépris gouvernemental, pour le 6e jour de mobilisation contre la réforme des retraites

83086837 3026820144006415 2398447301593923584 o
 

Manifestation bi-départementale 07 - 26 (Valence) : 12 000 manifestants contre la réforme des retraites, le 16 janvier 2020

La journée du 16 janvier a été un nouveau point d'orgue de la mobilisation entamée le 5 décembre par l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC, Unef, MNL, UNL) contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Les organisations syndicales appellent à amplifier la mobilisation d'ici le 24 janvier prochain, le jour où le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres, « afin d'obtenir le retrait de ce projet et l'ouverture de véritables négociations ».

Après quarante-trois jours de grève reconductible dans plusieurs secteurs et de mobilisation intersyndicale, la détermination de la majorité des travailleurs à rejeter le projet de réforme de retraites gouvernemental demeure intacte. La mobilisation s'est poursuivie les 14, 15 et 16 janvier et, à nouveau, des dizaines de milliers de travailleurs, de jeunes, de retraités ont manifesté dans toute la France à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC, Unef, Mnl, Unl) pour la 6e journée de mobilisation interprofessionnelle depuis le 5 décembre. À Paris, la CGT a revendiqué quelque 250 000 manifestants derrière une banderole portant le slogan unitaire « Retraites à points : tous perdants, retraite à 60 ans : tous gagnants ! ».

« Malgré les annonces du Premier ministre et après six semaines d'un mouvement social inédit, dont nous nous félicitons, la population soutient toujours majoritairement la mobilisation contre ce projet absurde et injuste (60 % de soutien, au baromètre Harris Interactive du 14 janvier) », constate l'intersyndicale.

La mobilisation s'élargit

Partout, de nouveaux secteurs professionnels entrent dans le mouvement, sous des formes diverses : grèves reconductibles de trois jours, grèves de deux heures quotidiennes dans de plus petites entreprises…

L'inventivité des salariés est au rendez-vous, certains, en hommage aux danseuses qui ont présenté le lac des Cygnes sur le parvis de l'Opéra Garnier à Paris, revêtant à leur tour des tutus, d'autres jetant leurs robes d'avocats devant leur ministre de tutelle ou leurs cartables d'enseignants dans un rectorat, ou bien encore confectionnant des bâtonnets géants destinés à un Exécutif volontairement sourd aux exigences de la majorité de la population. D'autres encore organisent de nuit des défilés aux chandelles.

Le gouvernement méprise la démocratie sociale

Méprisant les organisations syndicales ensemble majoritaires, la majorité des salariés, de l'opinion publique, et la mobilisation sociale, le gouvernement continue à se dire déterminé à faire passer sa réforme de régression sociale, niant du même coup la démocratie en général et la démocratie sociale en particulier.

En jeu pour lui : réduire la part du PIB consacré aux retraites (aujourd'hui 14 %) alors que le nombre de retraités est appelé à augmenter, passer d'un régime solidaire à un régime du « chacun pour soi », par points (donc au montant aléatoire), ouvrir le marché de la retraite aux assurances privées et contourner les organisations syndicales dont il refuse les propositions d'amélioration du système et de financement.

Dans la même veine, il a annoncé qu'il se refusait à toute augmentation du « coût du travail », donnant raison au Medef qui ne veut entendre parler ni d'augmentation de salaire réel ni d'augmentation du salaire différé c'est-à-dire de cotisations sociales.

Au-delà du soutien à la grève, développer la lutte

Si les grévistes se montrent tout aussi déterminés à faire échec à ce projet de retraite et de société, le soutien manifesté par ceux qui ne sont pas en grève ne se dément pas. Mais, de toute évidence, il n'est pas encore suffisant pour contraindre le gouvernement à retirer son projet. L'un des enjeux aujourd'hui pour l'intersyndicale est de donc de favoriser l'implication du plus grand nombre dans la lutte, en tenant compte de la diversité des situations de travail, dans une société où la précarité s'est développée.

De ce point de vue, l'interprofessionnel et les organisations territoriales ont de fait un grand jour à jouer pour débattre avec les salariés, comme ceux qui ont été ubérisés ou sont privés d'emploi, leur permettre d'inventer leurs modes de participation à la mobilisation.

Un grand rendez-vous le 24 janvier

L'intersyndicale appelle notamment à amplifier la mobilisation d'ici le 24 janvier prochain, le jour où le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres. Elle appelle notamment « à réunir des assemblées générales pour continuer et amplifier encore la mobilisation afin d'obtenir le retrait de ce projet et l'ouverture de véritables négociations sur la base de nos propositions », et à faire de ce vendredi-là une grande journée interprofessionnelle de grève et d'initiatives.

Source nvo : https://nvo.fr/determination-face-au-mepris-gouvernemental-pour-le-6e-jour-de-mobilisation-contre-la-reforme-des-retraites/

Réforme des retraites : Êtes-vous concernés par la réforme des retraites ?

Alarme
D’après les annonces d’Édouard Philippe ce mercredi, si vous êtes né avant 1975, vous échapperez à la retraite à points… mais pas à l’instauration d’un « âge d’équilibre » pour vous pousser à travailler plus longtemps. Explication.

Vous êtes né avant 1975

Vous pensez bientôt partir à la retraite en échappant à la réforme Macron ? Détrompez-vous : certes, le nouveau système de retraite par points ne s’applique pas aux personnes nées avant 1975. Mais, comme l’a rappelé Édouard Philippe dans son discours du 11 décembre, le gouvernement entend instaurer un « âge d’équilibre » afin de contraindre les Français à travailler plus tard. Ainsi, si la réforme est adoptée, à partir de 2027, si vous prenez votre retraite avant l’âge de 64 ans, vous subirez une décote sur le montant de votre pension.

NVO - La Nouvelle Vie Ouvrière, le magazine des militants de la CGT réforme des retraites

Vous êtes né entre 1975 et 2003

Si vous êtes né entre 1975 et 2004, vous basculeriez dans le système à points voulu par Macron en 2037 au plus tard. Vous conserveriez vos droits à la retraite acquis précédemment.

Et en plus du nouveau système, l’instauration d’un « âge d’équilibre » s’appliquerait également.

Vous êtes né en 2004 ou après

Dès le début de votre carrière, vous entreriez dans le système de retraite à points.

Source : https://nvo.fr/etes-vous-concerne-par-la-reforme-des-retraites/

Réforme des retraites : Les réactions de la CGT aux annonces du Premier ministre sur la réforme des retraites

Après les annonces d'Édouard Philippe, les syndicats et leurs dirigeants ont vivement réagi aux mesures annoncées. La fixation de « l’âge d’équilibre » à 64 ans étant la mesure qui fait le plus réagir des syndicats pourtant peu à la pointe du combat contre la réforme des retraites. Seul à avaliser ces annonces dans cette collection d’avis négatifs, le Medef y trouve une place logique, mais considère encore que le gouvernement a perdu du temps… Analyse à chaud du discours d’Édouard Philippe.

Philippe Martinez : « Le gouvernement s'est moqué du monde » 

« Le gouvernement s'est moqué du monde », a réagi Philippe Martinez qui « ne croit pas que les cheminots seront satisfaits » par le discours d'Édouard Philippe sur la réforme des retraites. « C'est surtout se moquer de ceux qui sont en lutte aujourd'hui et de l'opinion publique qui est largement défavorable à ce projet »

« Le gouvernement veut individualiser le système de retraite (…). Tout le monde va travailler plus longtemps, c'est inacceptable. »

Seul à le valider, le Medef qui y voit « un bon équilibre »

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a qualifié mercredi de « bon équilibre » les propositions présentées par le Premier ministre Édouard Philippe sur la réforme des retraites, tout en regrettant d'avoir « perdu six mois ».

« Du côté des entrepreneurs que représente le Medef, c'est un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive (…) et la nécessité que tout ça doit être financé par quelqu'un et donc qu'il faut, quand c'est possible, qu'on travaille plus longtemps », a-t-il réagi après l'intervention du Premier ministre.

« Je pense que nous avons perdu six mois », a affirmé le président de l'organisation patronale, qui avait reproché lundi à l'exécutif son « manque de clarté » dans cette réforme.

Source : https://nvo.fr/les-reaction-syndicales-aux-annonces-du-premier-ministre-sur-la-reforme-des-retraites/

 

Réforme des retraites : Édouard Philippe a livré le contenu de la réforme des retraites

Discours philippe cese retraites

Le Premier ministre, Édouard Philippe, livre les détails de la réforme des retraites du gouvernement devant le Conseil économique, social et environnemental le mercredi 11 décembre 2019.

Le Premier ministre a présenté ce 11 décembre au Conseil économique social et environnemental (Cese) les grandes lignes de son projet de contre-réforme des retraites, avec notamment un allongement de l'âge de départ en retraite à taux plein. Il confirme un projet de régression sociale et la mobilisation sociale s'amplifie.
 

Après plus de vingt réunions en deux ans et six jours de grève et de manifestations, Édouard Philippe avait annoncé qu'il révélerait « l'intégralité » du projet de loi gouvernementale réformant notre système de retraite solidaire pour le remplacer par un système par points.

Ce 11 décembre, au Conseil économique, social et environnemental, il n'a fait que redire ce qui avait déjà été annoncé malgré une contestation au plus haut.

Citer, comme il l'a fait, l'esprit et les valeurs du Conseil national de la Résistance relève, à la fois, au regard de son projet de réforme, de la démagogie et de la provocation ; car ce qu'il confirme, c'est bel et bien un projet de régression sociale où chacun devra travailler plus longtemps pour des pensions au montant aléatoire.

Le projet de loi sera « prêt à la fin de l'année », soumis au conseil des ministres le 22 janvier et discuté au Parlement fin février. D'ici là, la mobilisation se poursuit, au point que la CFDT elle-même, pourtant favorable à un système par points, a dénoncé le plan gouvernemental et annoncé qu'une ligne rouge était franchie.

Travailler plus

Le Premier ministre a confirmé sa volonté de maintenir l'âge légal de départ en retraite à 62 ans, mais en créant un « âge d'équilibre » à 64 ans dès 2027, avec « un système de bonus-malus (…) qui incitera les Français à travailler plus longtemps ».

Ceux qui voudront prendre leur retraite à un âge raisonnable devront donc en payer le prix fort par une décote et des réductions de leurs pensions. Et ce, malgré le chômage qui frappe déjà les séniors ainsi que la précarité que subissent les jeunes arrivant sur le marché du travail.

Les plus jeunes trinqueront

Espérant diviser le mouvement et calmer la colère des moins jeunes, comme s'ils n'avaient pas d'enfants ou se désintéressaient de leur avenir, Édouard Philippe a annoncé des entrées différenciées dans son nouveau système.

Ainsi, les Français nés avant 1975 « ne seront pas concernés », la génération 2004 « qui aura 18 ans en 2022 » sera « la première à intégrer le système » et pour les autres « la transition sera très progressive », avec une partie de la retraite calculée selon le système actuel pour « la partie de carrière effectuée jusqu'à 2025 » puis selon les nouvelles règles pour le reste de la carrière.

Les plus précaires le resteront

Le nouveau système « permettra de mieux protéger les Français les plus fragiles », a affirmé Édouard Philippe, annonçant qu'il garantira « une pension minimale de 1 000 euros net par mois pour une carrière complète au SMIC ».
Ce qui n'est déjà pas beaucoup. Mais quid en outre des carrières hachées, des temps partiels imposés tout particulièrement aux femmes ? Précaires dans la vie active, ils et elles le seront donc plus encore à la retraite.
D'autant plus que c'est ce même gouvernement qui a fait voter la loi « mobilité » refusant aux travailleurs ubérisés des plateformes le statut de salariés et l'accès au droit du travail. Ou encore que trois jours avant la plaidoirie du Premier ministre, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, a clamé sur France 3 « Il n'y aura pas de coup de pouce au Smic au 1er janvier, en tout cas je ne le souhaite pas ».
 
Pour les enseignants : le flou est maintenu
 

Les enseignants le savent : ils font partie de ceux qui ont le plus à perdre avec la réforme gouvernementale, notamment parce que le niveau de leurs pensions serait calculé non plus sur leur traitement brut de base des six derniers mois d'activité, mais sur toute leur carrière, en dépit de niveaux de salaires très bas dans les premières années. Leur niveau de pension est donc mécaniquement amené à baisser.

Le Premier ministre a annoncé une garantie inscrite dans la loi selon laquelle « le niveau des retraites des enseignants sera sanctuarisé et comparable au niveau des retraites des fonctions ou des métiers équivalents dans la fonction publique », indiquant « nous engagerons avant la fin du quinquennat les revalorisations nécessaires pour maintenir le niveau des pensions » des enseignants, une revalorisation progressive commençant en 2021.

Mais son ministre de l'Éducation a évoqué 400 à 500 millions d'euros par an. Or, selon les chiffres du ministère, on compte plus de 1 145 000 de personnels dans l'Éducation nationale, dont 870 000 enseignants dans le primaire et le secondaire. Le calcul est donc vite fait…

Alignement par le bas

« Le temps du système universel est venu. Celui des régimes spéciaux s'achève », a également annoncé quasi triomphalement Édouard Philippe, qui a cependant confirmé que les pompiers, les gendarmes, gardiens de prison ou les militaires conserveraient les bénéfices liés à l'âge.

Certes, là où le locataire de l'Élysée avait proclamé qu'il ne voulait pas parler de pénibilité, son Premier ministre évoque la possibilité pour les « métiers usants » de partir « deux années plus tôt ».

Ce qui revient cependant à travailler plus longtemps que ce que permet aujourd'hui le travail permanent sous un tunnel pour les conducteurs de métro par exemple. Surtout, sa conception de l'égalité consiste à aligner l'ensemble des salariés sur le moins-disant social et non l'inverse. Curieuse conception de la justice sociale.

Les cadres pénalisés

Le gouvernement qui a supprimé l'ISF et maintenu le CICE, sans contreparties, veut aussi taxer davantage non pas les bénéfices des entreprises, mais les cadres. Ainsi, le taux de cotisation sera-t-il le même pour tous, mais les cadres qui gagnent plus de 120 000 euros par an devront payer une surcotisation.

« Partenaires sociaux » sous tutelle

Édouard Philippe a-t-il cru apaiser les inquiétudes sur la valeur du point, indexé sur les salaires, en affirmant que la gouvernance du système pour un « retour à l'équilibre financier » sera confiée aux « partenaires sociaux » (donc au paritarisme syndicats-patronat) dès l'an prochain ?

En réalité, c'est une mise sous tutelle qui s'annonce puisqu'il ajoute qu'ils seront sous contrôle du Parlement et que « si les partenaires sociaux s'entendent » sur la trajectoire financière voulue, « le gouvernement la prendra à son compte » ; sinon, il reprendra la main comme il l'a fait récemment sur l'assurance chômage où, faute d'accord, il a imposé une réforme drastique des règles d'indemnisation.

La mobilisation s'amplifie

« Les garanties données » justifient que la grève « s'arrête » a cru pouvoir proclamer Édouard Philippe à l'issue de sa présentation. Comme un manque de lucidité sur les exigences des salariés.
« Le gouvernement s'est moqué du monde (…) Tout le monde va travailler plus longtemps, c'est inacceptable », a réagi Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

Dans un communiqué, la CGT pour qui avec ce projet nous sommes « toutes et toutes perdants » et « la jeunesse sacrifiée » ajoute : « le gouvernement reste sourd aux exigences exprimées par les millions de salariés, jeunes, retraités, privés d'emploi, mobilisés massivement depuis des semaines et soutenus majoritairement par l'opinion publique.».

Cela « ne peut que confirmer la nécessité de renforcer la mobilisation », a abondé Force ouvrière qui voit dans le recul du gouvernement sur l'application de la réforme (de la génération 1963 à 1975) « une conséquence de la mobilisation exceptionnelle » engagée le 5 décembre.

François Hommeril, président de la CFE-CGC juge lui aussi la « réforme de plus en plus dangereuse ».

La CFDT elle-même, pourtant favorable à un système à points, considère que la ligne rouge est franchie. « Il y avait une ligne rouge dans cette réforme, c'était le fait de ne pas mélanger la nécessité d'une réforme systémique (…) et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps, cette ligne rouge est franchie », a réagi Laurent Berger à l'issue de l'allocution du Premier ministre.

En clair, comme il l'avait préalablement affirmé, le passage à l'âge d'équilibre à 64 ans ne passe pas. Il a dénoncé une réforme « lestée par un angle budgétaire accru » et annoncé une réunion des instances confédérales le jour même pour « décider des actions dans les jours à venir ».

Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa, lui non plus pas opposé à un système par points, considère avoir « eu la désagréable surprise, qui est une ligne rouge pour nous, qui est la question de la mesure d'âge »

« Le mécontentement et la détermination restent entiers (…) On ne sait toujours pas ce qu'Édouard Philippe propose pour compenser la fin du calcul des pensions sur les six derniers mois », a réagi pour sa part Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU.

« S'agissant des revalorisations de carrière annoncées – qui oublient de nombreuses catégories professionnelles, comment accorder le moindre crédit à des interlocuteurs qui refusent systématiquement et depuis des années la moindre augmentation de la valeur du point, d'un coût pourtant nettement inférieur ? », demande l'intersyndicale de la fonction publique (CGT, FA, FO, FSU et Solidaires).

Chez les cheminots, l'Unsa ferroviaire juge le plan du gouvernement « pas à la hauteur de nos revendications ». « Là, je pense qu'on va dans le mur », a confirmé Bruno Poncet, secrétaire fédéral de Sud-Rail.

Et Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, considère que « les annonces du Premier ministre doivent encourager les salariés à renforcer la grève ».
Les réactions analogues se multiplient dans de nombreux secteurs, de l'énergie aux raffineries, dans le public et dans le privé.

 

Retraites : Débat Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites à la fête de l'Humanité

Le samedi 14 septembre 2019 à la Fête de l'Humanité, face-à-face entre Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites.

Animé par Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l'Humanité, et Sébastien Crépel, journaliste à l’Humanité.

RETRAITES : Une autre réforme est possible. Les propositions de la CGT

Deux français sur trois sont opposés à la réforme des retraites que prépare le gouvernement et 93% d’entre eux refusent la baisse de leur pension. C’est pourtant ce qui est envisagé, avec le régime par points préconisé par Emmanuel Macron et construit par Jean-Paul Delevoye.
 

L’entrée de ce dernier au gouvernement démontre d’ailleurs que c’est bien un projet Macron-Delevoye qui est en route avec, pour seul objectif, de nouvelles économies budgétaires sur « le dos » du monde du travail.

Le Premier ministre annonce une période de consultations alors que, depuis 18 mois, l’ex haut-commissaire Delevoye a bâti un projet sans prendre en compte aucune des nombreuses propositions de la CGT.

Il est indispensable d’augmenter le financement des retraites pour, d’une part, améliorer les pensions de tous les travailleurs et travailleuses et, d’autre part, revenir à un âge légal de départ à 60 ans. On vit plus longtemps aujourd’hui parce qu’on travaille moins longtemps. Changer cette tendance conduirait à l’effet inverse.

La CGT a chiffré les financements nécessaires en s’appuyant, par exemple, sur ce constat : plus les salaires et les pensions stagnent ou baissent, plus les dividendes versés aux actionnaires augmentent.

La relance de pseudos concertations, quelle qu’en soit la durée, dans la perspective d’échéances électorales à venir, sans volonté de changer radicalement le fond du rapport Delevoye, est inutile. Les questions essentielles sont en réalité, pour toutes et tous : « À quel âge je vais pouvoir partir et avec combien ? », « Combien d’années en bonne santé vais-je pouvoir espérer profiter de ma retraite ? »

Lors de la rencontre avec le Premier ministre, vendredi prochain, la CGT portera donc une nouvelle fois les propositions indispensables à une retraite assurant un départ de toutes et de tous à taux plein dès 60 ans.
Notre système actuel par répartition doit, certes, être amélioré pour prendre en compte la diversité et l’évolution du monde du travail actuel mais à qui fera-t-on croire que ce qui a été créé à la Libération dans un pays ravagé et ruiné par la guerre devrait se traduire, aujourd’hui, par une régression sociale dans une des plus grandes puissances économiques du monde ?

Ce qu’il faut, c’est un autre partage des richesses !

La CGT propose de renforcer la qualité des emplois, de garantir leur stabilité, d’améliorer le niveau des salaires et les conditions de travail. La retraite est bel et bien le reflet de la vie active.

La CGT exige des réponses immédiates sur des questions essentielles que le gouvernement se garde bien d’aborder.

  • La mise en œuvre d’une politique volontariste d’égalité salariale entre les femmes et les hommes, améliorant la retraite des femmes. Celle-ci est encore inférieure, à qualification égale en moyenne, de 20%. Cette décision permettrait d’abonder à hauteur de plus de 6 milliards d’euros  les ressources des différents régimes de retraite existants.
  • La validation de 3 années d’études, au moins, de formation initiale ou continue, de recherche du premier emploi ou période de précarité pour les jeunes qui, aujourd’hui, trouvent un emploi stable en moyenne à 27 ans. L’acquisition des droits par la jeunesse doit être assurée en partie par l’État, de même que ce dernier doit prendre en charge sa formation. L’autre partie doit être prise en charge sous forme de cotisations par les entreprises qui bénéficient de la qualification acquise par les salariés.
  • Le droit de travailler jusqu’à l’âge de la retraite. Moins d’un travailleur sur deux est en emploi à partir de 55 ans, alors que le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a triplé depuis 10 ans. Dans ce contexte, le gouvernement veut reculer l’âge réel de la retraite à 64 ou 65 ans… La CGT propose de mettre en place une véritable sécurité sociale professionnelle favorisant le maintien et le retour au travail entre 55 et 60 ans.
  • Elle exige la reconnaissance de la pénibilité au travail, avec l’aménagement des fins de carrière et un droit à un départ anticipé à la retraite à taux plein à 55 ans, voire 50 ans pour les métiers les plus pénibles. C’est la garantie d’une espérance de vie en bonne santé pour toutes et tous.

D’ores et déjà, la CGT appelle l’ensemble des salariés, les retraités et les privés d’emploi à se mobiliser, dès le 24 septembre, pour imposer une amélioration des droits à la retraite de toutes et tous, pour qu’urgence sociale et urgence environnementale se conjuguent au présent.

Montreuil, le 5 septembre 2019

D38fb8 cebe8f78a18e46148448ab19340c495a