Plus de 98% des soignants victimes de violences

Crachats, bousculades, strangulations, coups, menaces de mort, le collectif Santé en Danger publie une étude chiffrée sur les violences subies par les professionnels de santé dans le cadre de leur exercice professionnel. 

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Selon une enquête lancée au mois d’août dernier par l'association Santé en danger auprès des professionnels de santé, 97.6% d'entre eux ont été victimes de violences internes (émanant de leurs collègues ou de leur hiérarchie) ou de violences externes (soit de la part de patients, de familles...) dans le cadre de leur travail au cours des 24 derniers mois. Les violences internes sont moins nombreuses que celles qui émanent de l’extérieur mais les faits sont tout aussi graves : crachats, bousculades, strangulations, coups, jusqu’à la menace de mort et les violences avec arme, relève Santé en danger. Dans le détail : 

Menaces internes (de la part de collègues ou de la hiérarchie) : Plus d’un tiers des répondants (38,5%) dénoncent des provocations non accompagnées de menaces (75.2%), des injures et des insultes (42.6%) et des propos outrageants à caractère discriminatoire ou sexuel (30.2%). 10.9% des répondants cochent la case "menaces d'atteinte à leur intégrité physique ou à leurs biens" et 4,4% celle de violences volontaires avec atteinte à l'intégrité physique, comme des strangulations, des crachats, des coups ou encore des bousculades. Enfin, 2.1% affirment avoir été menacés de mort. À noter, 15,5% d'entre eux ont déjà reçu des messages ou des courriels de menaces de la part de collègues ou de supérieurs hiérarchiques. Parmi eux, 62,5% se sont sentis humiliés, 52,5% ont considéré cet acte comme du harcèlement, 45% se sont sentis ridiculisés et 29,2%, menacés.

Menaces externes (patients, usagers, clients) : Plus de la moitié des répondants (59.5%) affirment avoir été victimes d'injures où d'insultes (83.9%), de provocation sans menace (59.3%), de menaces d'atteinte à leur intégrité physique ou à leur bien personnel (34.2%), de propos outrageants à caractère discriminatoire ou sexuel (31.4%) et enfin, de violences volontaires avec atteinte à l'intégrité physique comme des strangulations des bousculades des crachats ou des coups (28.6%). Beaucoup plus grave, 16.1% ont été menacés de mort, 2.5% ont été menacés avec une arme. Pire encore, 0,8% des répondants ont été victimes de violences avec armes et 0,7% d'une agression sexuelle.

A domicile : Parmi les professionnels de santé qui travaillent à domicile (28.4% des répondants), 10% ont subi des atteintes à leurs biens, dont 75.8% de vols sans effraction, de dégradations légères, de dégradations du véhicule ou de graffitis, 21.2% de vols avec effraction et 18.2% de dégradations ou destructions de matériel de valeur.

Des violences qui ne sont pas sans conséquences

Ces violences ne sont pas sans conséquences, note encore le collectif : parmi 73.1% des professionnels de santé ayant subi des violences, les conséquences sont psychologiques (anxiété : 58.9% ; irritabilité : 56.4% ; évitement : 40.2% ; hyper vigilance : 38.7%), somatiques (troubles du sommeil : 60.7% ; troubles digestifs : 25.8%) et comportementales (démotivation : 59.2% ; difficultés à se concentrer : 25.9%). Après un événement violent, 60.3% des professionnels de santé bénéficient d’un suivi psychologique, dont un traitement médicamenteux pour 9.6%. Par ailleurs, pour 71.3% des professionnels de santé, ces violences génèrent l’envie de changer de profession pour 30.2% professionnels de santé, 22.7% celle de démissionner.

Quant aux recours, ils sont relativements faibles. Seuls 38.3% des professionnels de santé ayant subi des violences internes ont réagi. Parmi eux, 48.2% ont informé leur hiérarchie, 18.9% ont alerté leur syndicat, 13.8% ont démissionné, 10.2% ont demandé à changer d'affectation ou de service et enfin, 3.3% ont porté plainte. 59.6% des professionnels de santé ayant subi des violences externes ont réagi en informant leur hiérarchie ou représentants pour 65.4%. Seuls 6% de l’ensemble des professionnels de santé ont déposé une plainte auprès des autorités après avoir subi des violences externes car 27.3% considèrent que cela ne sert à rien.

*Le sondage a été réalisé du 28 août au 17 septembre 2022, via un questionnaire anonyme Google Forms. Il comporte 27 questions, pour la plupart à choix multiple. Il s’adressait aux professionnels de santé exclusivement. 1 022 personnes y ont répondu : 90.1% de femmes ; 9.9% d’hommes. Les répondants sont des professionnels de santé, 41% d’entre eux exercent une profession paramédicale, 7.6% une profession médicale. Pour 14.9%, ils travaillent en gériatrie, pour 12.2% en psychiatrie et enfin pour 9.1% à l’accueil des Urgences. Parmi eux, 23.1% sont infirmier libéral, 16.7% médecin, 2.4% sage-femme.

 

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