Retraite : la pénibilité des soignants oubliée

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La particularité du travail des soignants est la nécessité d’assurer la prise en charge des patients 24 h sur 24, 365 jours par an.

Cette pénibilité est inhérente au métier et ne peut être prévenue.

Il s’agit d’ailleurs d’une des causes d’abandon précoce de la profession, phénomène qui s’est accéléré ces dernières années, notamment du fait de la suppression par R. Bachelot de ce qui est appelée la catégorie active pour les infirmier.es, c’est-à-dire une bonification de 5 ans acquise pour une durée d’au moins 17 ans dans la fonction.

Les aide-soignant.es l’ont conservée mais la dureté du travail, notamment les problèmes de dos liés aux soins de toilette pour les patients confinés au lit, a pour conséquence que plus de 30 % de la profession part à la retraite avec un taux d’invalidité plus ou moins important.

La régression dans ce domaine, aggravée par le projet de loi sur les retraites, va avoir pour conséquence inéluctable une accélération de la perte d’attractivité de ces métiers.

En effet, si les aide-soignant.es doivent conserver la catégorie active, l’allongement de la durée de cotisation va réduire le montant de leur pension car il existe une proratisation sur le nombre de trimestres cotisés et pour partir à la retraite à 59 ans avec 43 années de cotisation, il faudrait avoir commencé à travailler à 16 ans et ne pas avoir eu d’interruption de carrière.

Pour les infirmier.es, la situation est encore plus défavorable car la bonification maximale de 2 ans va entrer dans le cadre du compte professionnel de pénibilité qui est un système à points qui s’apparente à une usine à gaz dont peu de personnes pourront réellement profiter.

Enfin cerise sur le gâteau, tous les mécanismes de bonification vont dépendre d’un avis médical qui devra constater une altération de l’état de santé liée à la pénibilité du travail exercé.

Bref, vous pourrez partir en retraite plus tôt si votre travail a dégradé votre état de santé !

Les soignants constatent au quotidien chez leurs patients les écarts d’espérance de vie en bonne santé en rapport avec les conditions de travail.

Aujourd’hui, ils sont concernés au premier chef et ils ne demandent pas de la part d’E. Macron des remerciements hypocrites sur leur dévouement et leur engagement nuit et jour auprès de la population.

Ce qui est exigé avec force est une réelle prise en compte de la pénibilité de leurs professions, avec le retour pour l’ensemble des métiers qui exigent un travail de nuit et en horaires décalés, la possibilité de partir avec une retraite à taux plein à 55 ans.

C’est une question de justice sociale et une exigence pour retrouver une attractivité pour ces métiers essentiels, mais très exigeants sur le plan physique et psychologique.

Mais, c’est aussi un enjeu de société qui intéresse tous les citoyens, car aujourd’hui nous assistons à une accélération de l’abandon du métier par de plus en plus de soignants, les écoles professionnelles n’arrivent plus à recruter et le nombre de diplômé.es baisse inexorablement avec des taux d’abandon des études très élevés.

Dr Christophe Prudhomme

 

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